Jean-Louis VIVIEN

1 an et demi après le départ de ma mère, c'est mon père qui nous quitte...

Selon ses vœux exprimés il y a bien longtemps (Heureusement !), il a été incinéré et ses cendres furent dispersées dans un endroit au milieu de la garrigue qu'il affectionnait tout particulièrement.

Voici le témoignage que j'ai lu lors des obsèques à Ganges (Hérault) le 6 juillet 2020 :

Papa, dès son plus jeune âge, avait embrassé la même passion que son père pour l’horlogerie et, très tôt, s’installa comme artisan horloger.

 Il travailla toute sa vie chez lui dans son petit atelier, réparant montres, réveils et pendules pour de nombreuses horlogeries-bijouteries dont certaines prestigieuses de la place Vendôme à Paris.

Je me souviens, étant enfant, des magnifiques carillons « Westminster » appartenant à des célébrités qu’il devait régler…dans la cave de notre pavillon de la banlieue parisienne en raison de leur sonnerie tous les ¼ d’heure susceptible de provoquer une apocalypse familiale.

Il fut donc un solitaire aimant sa tranquillité mais qui aimait aussi la compagnie et était fidèle en amitié.

Il rencontra ma mère lors du mariage de son cousin, réalisateur de Nounours à la télévision. Elle, journaliste-speakerine à l’ORTF, succomba rapidement au charme de papa et ils ne se quittèrent plus pendant 56 ans. Malgré toutes les épreuves de la vie, seule la maladie d’Alzheimer réussit à les séparer en 2018 et ma mère a été obligée de se résoudre à faire rentrer papa au Jardin des aînés ici à Ganges près de chez nous. Elle nous quittait 6 mois après d’ailleurs, épuisée.

 A part son service militaire à Dakar au Sénégal dont il avait gardé un merveilleux souvenir, papa avait très peu voyagé jusqu’à sa retraite. Quelques incursions en famille dans les pays limitrophes, c’était tout. Alors, à peine retraité, avec maman, ils ont décidés de faire un voyage organisé par an et ont ainsi visité presque tous les continents. Ce fut une révélation pour eux, une vraie passion qu’ils partageaient avec un petit réseau d’amis connus durant les voyages et qu’ils retrouvaient souvent.

Lorsqu’ils étaient en compagnie, ils adoraient faire le show. Leurs chamailleries en public devenaient de véritables sketches qui faisaient le bonheur de l’auditoire. Et lorsque mon père en avait assez de se faire titiller par ma mère, il savait sortir la bonne réplique qui allait couper le son à celle-ci et terminer la séquence par une chute qui faisait rigoler tout le monde.

En préparant ce témoignage, je me suis rendu compte qu’il était difficile de parler de mon père sans parler de ma mère tant ils furent fusionnels. Ils ont, l’un et l’autre, très mal vécu la vieillesse. Chacun avec ses propres raisons mais se rejoignant sur le constat. Alors maintenant, je suis heureux de croire – et pour moi croire est bien plus fort que savoir – qu’ils sont à nouveau réunis.