17 Décembre 2022
Notre voyage à la Nouvelle Orleans
Voilà des années que nous souhaitions découvrir cette ville, c’est maintenant chose faite et ce fut merveilleux !
Une petite fenêtre s’est ouverte de manière inopinée au printemps. Plusieurs facteurs devaient être réunis ce qui compliquait sérieusement la chose… Ma femme, mes enfants et moi devions obtenir une semaine de vacances ensemble. Gros challenge ! Il nous fallait aussi un match de football américain sur place car mes garçons et moi sommes fans des Saints, l’équipe locale (…et obtenir des billets, deuxième gros challenge !) et il nous fallait le budget ! …pour ça j’ai anticipé.
Dès la publication du calendrier des matchs, nous avons repéré la semaine de Toussaint et commencé à poser des jalons pour les congés. J’ai trouvé, grâce aux réseaux sociaux, l’agence de voyage idéale pour nos besoins car spécialisée dans les sports américains et, en quelques jours, la décision fut prise : On partait 8 jours en Louisiane !!!
La phase active de préparation commençait…
Seul mon cadet n’avait pas de passeport, les délais étant très importants, la tension est montée jusqu’à son obtention quelques jours avant le départ, Ouf !
Nous avons choisi GPA-Travels et son créateur, Xavier, qui s’est chargé du transport, de l’hôtel…et, Ô combien essentiels, des billets du match. Il fut la personne ressource avant et pendant, son apport logistique et ses précieux conseils ont très largement contribué à la réussite de notre aventure. Merci encore Xavier !
Le reste du programme fut préparé par nos soins. J’ai eu un peu de mal à trouver des visites en français mais un seul site apparut enfin et c’était le bon ! Prise de contact et réservation par mail pour les visites guidées du « French quarter » et de « Garden district ». Excellent contact avec le patron de « Le Monde Créole », Paul, qui m’orienta très aimablement pour la visite des plantations et du bayou vers « Tour by Isabelle », société concurrente et néanmoins amie créée par…Isabelle, une Ch’ti installée là-bas depuis 40 ans.
Pour l’anecdote, j’ai dû téléphoner à « Tour by Isabelle », préparé psychologiquement à en découdre avec mon anglais de cuisine pour avoir des renseignements précis, et je fus complétement désarçonné en entendant un grand « Bonjour, comment allez-vous ? » à peine décroché.
En route ! Dix-huit heures de voyage pour l’aller au départ de Montpellier (Avec les escales), dix-sept heures au retour, c’est long ! Le pire étant le trajet entre Paris et New York dans un avion à la température glaciale. On rigole un peu lorsqu’on s’installe car sur chaque siège on trouve un oreiller ET une couverture mais quelques minutes plus tard on ne rigole finalement plus et s’enfouit sous la couverture… Je soupçonne le pilote de voler avec la fenêtre ouverte… C’était pourtant Delta Airlines via Air France, pas du Low cost.
Vers dix-neuf heures, nous voici enfin à NOLA (Un des surnoms de New Orleans comme « The Big Easy » ou « Crescent city ») accueilli en français par un très sympathique chauffeur de taxi originaire d’Haïti qui nous emmène à notre hôtel. Nous sommes le 29 octobre, la nuit est claire et il fait 24 degrés (Celsius bien sûr !).
Une fois installés, la faim se fait sentir ! On quitte notre hôtel qui se trouve juste en face du palais des congrès et on trouve un peu plus loin un restaurant calme et sympa, le « Grand Isle ». L’occasion de manger nos premiers « Pô’boys », le sandwich local, boire un « Hurricane », un des cocktails emblématiques de NOLA… et bien rigoler avec Giacomo notre serveur.
Le ton est donné, la semaine s’annonce magnifique, comme le temps d’ailleurs.
Deux choses frappent très vite les visiteurs, la gentillesse des gens et la musique omni présente, partout, dans la rue, dans les commerces, dans les parkings, partout ! Contrairement à ce qu’on pense souvent, très peu de gens parlent français, cela resta interdit sous peine de prison pendant la première moitié du vingtième siècle. Ceux qui parlent encore le français sont cajuns ou créoles (de Louisiane)…et on ne comprend rien !
Le lendemain : It’s gameday, baby !!!
Dimanche, c’est jour de match. Un moment que nous attendions depuis si longtemps : Assister à un match au Superdome de New Orleans. Lieu emblématique qui relie toute la communauté toutes classes confondues. Nous sommes habillés aux couleurs de notre équipe et c’est toute la ville qui vibre avec nous. Le public du Superdome est connu comme le plus enthousiaste de la NFL et surtout le plus bruyant, il est considéré et craint comme le douzième homme par tous les adversaires. Sachez qu’en 2018, une manifeste erreur d’arbitrage provoqua un tel tollé que le faux plafond de la salle de presse s’était écroulé. Nous avons pu le constater de nos yeux …et nos oreilles : 129,7 db soit l’équivalent d’un jet au décollage (Il y a un compteur qui l’affiche en direct)
Cette structure en forme de soucoupe volante est sur un point haut (Ce fut un refuge pour des milliers de personnes pendant plusieurs mois lors de l’ouragan Katrina en 2005), nous arrivons en contrebas sur Champion Square deux heures avant le match et c’est déjà noir de monde. Un grand concert bat son plein et nous sommes accueillis par les Cheerleaders pour une photo souvenir. Les couleurs noir et or sont partout, l’imagination des supporters pour les déguisements est sans limite et les fans de l’équipe adverse (Les Raiders de Las Vegas) ne sont pas en reste. Eh oui, voilà un des nombreux aspects que j’adore dans ce sport, les supporters sont mélangés. Le « Gameday » est jour de fête dans les stades et non pas champ de bataille dans les tribunes comme au football (soccer). Les plus beaux déguisements des deux adversaires sont pris en photo ensemble au son des Jazz bands qui déambulent (Bah oui, ici c’est évident !).
Xavier nous a obtenu de très bonnes places, certes en haut des gradins mais dans l’axe que je voulais et avec une vue exceptionnelle. Le show est incroyable. Nous participons, émus, au Cri de guerre (Le « Who Dat ») lancé par deux anciens joueurs et scandé par l’ensemble du stade. Mon épouse, qui n’est pas spécialement une accro du foot US, n’a pas vu passer les trois heures de match. L’animation est permanente, les nombreux arrêts de jeu sont instantanément occupés par quelque chose. L’ambiance dans ce stade fermé a des aspects presque mystiques et on comprend vraiment pourquoi il se dit que les matchs des Saints au Superdome sont « à part ».
La cerise sur le gâteau, notre équipe gagne avec un « Shout out », c’est-à-dire aucun point marqué par les adversaires, Fanny quoi... Vingt-quatre à zéro. C’est très rare au Foot US. Ambiance joyeuse et bonne enfant à la sortie, les fans des Raiders se consolent en faisant des photos et, pour beaucoup, en profitant de quelques jours de vacances à NOLA. Nous en croiserons toute la semaine dans la ville.
Ce même jour, je subissais le seul loupé du voyage. J’espérais assister le soir même au concert d’un artiste que j’admire, Jason Ricci, harmoniciste de (grand) renom, de l’autre côté de la ville. Il avait très gentiment répondu à mes mails envoyés les semaines précédentes et nous avions convenu de nous rencontrer mais j’appris au dernier moment que mon fils de dix-neuf ans ne pouvait pas rentrer dans la salle (Interdit aux moins de vingt et un ans) et c’était le seul en état de m’accompagner. Ma femme et mon aîné étaient trop fatigués et souffraient d’une bonne rhino (Merci la climatisation). Comble de malchance, je lui avais envoyé des textos en arrivant car je n’osais pas téléphoner et je ne me suis rendu compte qu’il ne les recevait pas trois jours après. Bref, on s’est loupé ! Vraiment dommage !
Nous sommes allés, malgré tout, faire un tour dans le « French Quarter », voir enfin Bourbon Street ! Cette rue mythique où la fête est perpétuelle.
Ce n’est qu’une fois les dates choisies que nous remarquions l’importance de cette période : Nous étions en pleine fête d’Halloween ! Dès notre arrivée le samedi, nous avions croisé des gens aux costumes improbables. Le dimanche, veille de la date fatidique du 31 octobre, tout le monde était encore plus chaud !
Notre déambulation fut vraiment spectaculaire. Enormément de monde (dont beaucoup déguisés), un volume sonore monstrueux venant à la fois des bars, des gamins assis sur le trottoir tapant sur des bidons à un rythme effréné, des individus surprenants qui tirent des charrettes chargées de grosses sonos sans même chercher le pourboire, des performers de rue, des gens sur les magnifiques galeries de style espagnol jetant des colliers aux passants qui tous se promènent avec un cocktail à la main (La Nouvelle Orleans est la seule et unique ville des USA où il est autorisé de boire de l’alcool dans la rue). Cette folle ambiance baignant dans un nuage de cannabis quelques fois aussi dense qu’un fog londonien. Hallucinant !
Le lendemain matin, nous y revenons pour la visite en français organisée par « Le Monde Créole ». C’est beaucoup plus calme ! Nous découvrons les rues et l’intérieur des maisons mais surtout toute cette société si complexe qui s’est développée sur des marécages dans un climat particulièrement hostile. L’histoire de la ville est dramatique et quand je dis complexe, le mot est faible pour décrire la vie de ces hommes et femmes blancs, noirs, esclaves, libres, français, espagnols, africains, allemands, américains et autres… Je comprends enfin l’origine de l’expression « Laissez le bon temps rouler » car au travers d’une vie courte souvent faite de malheurs et de souffrance, ces gens ont pris le parti de profiter de chaque instant en sachant que c’est peut-être le dernier. Il est là le secret de la joie de vivre et pourquoi tout est prétexte à la fête à New Orleans.
Le soir venu, nous retournons sur Bourbon Street car c’est le soir d’Halloween. Toujours le même volume sonore. Encore plus de monde que la veille et (Ouf !) beaucoup moins de fumée de cannabis. On a pourtant l’impression bizarre d’être perché dans un autre monde. Imaginez tous les héros que vous avez pu voir en films ou séries TV et même ceux de vos livres préférés que vous croisez dans la même rue le même soir… Hé bien c’est ça (…et plus encore !) Halloween sur Bourbon Street.
Si le French Quarter est coloré et ses maisons collées les unes aux autres, signe distinctif de la culture créole, dès qu’on saute la frontière que représente Canal Street, on s’aventure dans les quartiers construits par les américains après la vente de la Louisiane aux Etats Unis. Le plus emblématique est Garden district. Grandes allées au cordeau, chênes majestueux aux ramures d’une longueur infinie et maisons blanches toutes aussi splendides les unes que les autres alternant les colonnades néo-classiques et les galeries aux moulures hispanisantes. Je vous épargne la liste des vedettes qui possèdent une « bicoque » dans le quartier, ce serait trop long mais, bon….j’ai quand même l’adresse de Sandra Bullock maintenant !!!!!!
Pour nous déplacer, nous utilisons le « Streetcar », tramway local qui est le plus vieux d’Amérique. Intérieur en bois, des bruits bizarres, des banquettes réversibles pour toujours être dans le sens de la marche, la caténaire qui saute de temps en temps obligeant le conducteur à la remettre en place à l’aide d’une corde, une institution haute en couleur. Les lignes sont adaptées et les bus complètent l’offre de transport de manière parfaite pour les touristes mais, à ce qu’on nous a dit, c’est très insuffisant pour les locaux.
Nous avions délibérément refusé de louer une voiture car le stationnement en centre-ville est très cher et compliqué mais surtout parce que l’état des route est catastrophique. La ville ne possède pas de sol dur même profond. Les maisons du French Quarter se tiennent entre elles car elles sont collées, pour le reste, ce sont souvent les racines des merveilleux chênes omniprésents en ville qui font office de fondations…et je ne blague pas ! Il y a peu de gratte-ciels car la moitié de leur prix est enfoui dans le sol et une loi d’urbanisme impose un minimum de cent cinquante mètres de profondeur pour pouvoir construire un immeuble ! C’est drôle de voir des maisons de plusieurs dizaines de millions de dollars dans des rues pleines de trous et des trottoirs défoncés.
La ville est très fière de posséder le deuxième plus grand musée au monde consacré à la seconde guerre mondiale (Le premier est en Indonésie). La visite est passionnante et prend aux tripes car l’histoire est présentée en partant systématiquement des gens qui l’ont fait. Chaque bataille décrite, chaque action du quotidien, chaque matériel utilisé et chaque souffrance vécue sont présentés à partir d’un homme ou une femme dont on peut découvrir la vraie vie et sentir la présence. Les reconstitutions sont splendides et on termine (Moyennant un supplément) par une troublante expérience immersive dans un sous-marin ! A noter que le hall sur l’aviation possède de vrais chasseurs, et même un B27, accrochés au plafond que vous frôlez en suivant à pied les coursives des étages. Ça donne une idée de la taille du lieu…
Impossible d’aller en Louisiane sans aller dans le bayou. C’est avec « Tour by Isabelle », et notre guide franco-américaine Gisèle, que nous avons passé la journée de jeudi. D’abord une balade en hydroglisseur et la découverte du biotope, des alligators, des oiseaux, de ces paysages aussi attirants qu’angoissants. En prime quelques pointes de vitesse sur cet engin génial ! Ensuite la visite de deux plantations, une créole et l’autre américaine. La plantation Laura est vraiment la plus marquante. Nous avions visité la maison de famille de Laura Locoul dans le French Quarter car comme toutes les dynasties de planteurs, l’habitation principale était en ville (On y passait l’hiver) et la résidence de la plantation servait durant l’été. Là encore, ce sont les hommes et les femmes que le guide (en français) de la plantation nous a fait vivre au travers de l’histoire…et vous n’en sortez pas indemne ! C’est vraiment la plantation à visiter en priorité. Nous sommes allé ensuite à Houmas Plantation. Le côté américain beaucoup plus proche de « Autant en emporte le vent ». Résidence magnifique et jardin à couper le souffle. Nous y avons mangé sous forme de self à volonté des plats emblématiques de la région, un vrai régal !
La visite de la propriété est très intéressante, certes avec beaucoup de monde dans des pièces exigües, pas facile, mais ça vaut le coup. Visiter ces deux plantations si différentes est particulièrement complémentaire pour mieux comprendre cette fameuse complexité de la Louisiane. Le « Grand Tour » d’Isabelle collait pile poil à ce que nous recherchions, avec un temps magnifique (26°) sans aucun moustique et même pas la sensation d’humidité. Ce fut une journée fabuleuse !
Rencontre avec Elvis dans le Bayou
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Notre dernier jour fut consacré aux désirs de chacun. Nos deux enfants ont décidé de garder un souvenir indélébile de leur voyage. Ils ont passé une bonne partie de la journée dans un gros salon de tatouage sur Canal Street. Ma femme et moi, moins aventureux, sommes allés visiter le musée du Jazz. Il n’est pas très grand (…et pas bien cher…) et il se partage entre expositions temporaires et permanentes. Nous avons pu en apprendre plus sur les Blacks Indians et tous les musiciens iconiques de la Nouvelle Orleans qui ont marqué la naissance et l’évolution de cette musique aussi compliquée que sa ville d’origine. Quelques supports inter-actifs agrémentent la visite et j’ai découvert avec surprise que certains artistes que je suis depuis plusieurs années avaient déjà leur place dans ce musée qui, à l’image du jazz, reste en évolution.
Beaucoup d’autres images me restent en mémoire tel un pêle-mêle sur la cheminée. De belles balades sur les bords du Mississippi, en regardant le Natchez et le Creole Queen. Un concert de blues dans un vieux bar de Frenchmen Street, Un trompettiste jouant Summertime tout seul dans Royal Street en pleine nuit. Mais aussi un grand nombre de SDF qui dorment en pleine rue au milieu de la foule qui s’amuse. Avoir osé jouer à l’harmonica « What a wonderfull world » aux pieds de la statue du grand Louis dans le parc qui porte son nom. Perdre quarante dollars en quelques minutes avec mon fils au casino. Croiser un Jazz band au coin d’une rue et s’abandonner à leur énergie et à leur joie de vivre. Admirer toutes ces maisons aux décorations d’Halloween complètement folles.
…et tant d’autres souvenirs… Nous sommes très loin d’avoir fait le tour de cette ville et l’idée vaguement colportée que trois jours suffisent à NOLA ne tient que pour les gens qui viennent juste s’alcooliser sur Bourbon Street. Nous sommes repartis frustrés de ne pas en avoir découvert plus et avec une grande envie d’y revenir. Il est fort probable que la vie ne nous le permette pas mais les souvenirs restent et entretiennent l’espoir.
Dans le taxi qui nous ramenait à l’aéroport, notre brave chauffeur haïtien nous a demandé si nous avions aimé notre séjour. Nous lui avons répondu oui et sommes restés silencieux le reste du trajet…
Eric
Notre voyage du 29 octobre au 5 novembre 2022
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