19 Janvier 2020
« Tu vas à Lourdes ? »
« Mais qu’est-ce que tu vas faire là-bas ? »
Il est toujours difficile de répondre à cette question tant il y a des a priori sur ce lieu de la part des gens qui ne connaissent pas.
Mais il s’avère aussi que les réponses seront toujours différentes en fonction des individus…
Une chose les relie pourtant, c’est le message de Lourdes qu’on peut résumer en un mot : La rencontre !
Sans rencontre, il n’y a pas de Lourdes ! Il y a juste une sous-préfecture ordinaire des Hautes Pyrénées…
Lorsque des gens me disent qu’ils comptent visiter Lourdes durant leurs vacances, je leur dis tout de suite qu’une demi-heure suffira. Le temps d’aller voir la grotte, de visiter les basiliques et de retourner à la voiture en râlant contre la vision mercantile des nombreux magasins qui cernent le sanctuaire. J’ajoute que les alentours regorgent de merveilleuses choses à découvrir comme les grottes de Betharram, le pic du Jer, etc…
Sans rencontre, il n’y a pas de Lourdes !
En revanche, s’il y a une volonté de poser une démarche, là il y a rencontre et tout est possible !
A l’origine, il y a eu cette rencontre entre une gamine qu’on qualifierait aujourd'hui de « Cassos » et cette « belle dame » qui la regardait comme « une personne ». Depuis, des millions de gens sont passés et il y a toujours, chaque année, d’innombrables rencontres…
D’abord avec cette « belle dame ». Non, on ne la voit pas, sauf en statue, mais il suffit de s’assoir devant la grotte et se mettre un peu à l’écoute pour sentir sa présence et comprendre qu’on peut enfin poser le fardeau de sa vie pour un moment et se reposer dans ses bras avant de reprendre la route. Et si on veut bien être un peu attentif, elle nous aidera à choisir le bon chemin, celui de son fils.
Ensuite il y a les autres. Les pèlerins, les pèlerins malades ou handicapés, les hospitaliers qui les accompagnent (c'est-à-dire membres d'une hospitalité). Tous les âges, tous les milieux sociaux, tous les pays du monde, toutes les cultures…
La rencontre, elle est simple. Cela peut passer par le groupe « Pèlerins d’un jour » pour les isolés de passage ou les nombreuses conférences et temps forts des pèlerinages. Ça peut aussi être avec un inconnu au bord du gave, avec l'un des nombreux chapelains du sanctuaire toujours à l'écoute sans jugement ou dans un magasin avec un commerçant (Eh oui, il y a des gens qui vivent dans ces boutiques...) ou au restaurant de l'hôtel. En ce qui me concerne, depuis les années 80’, c’est au service des pèlerins malades ou handicapés que je la vis.
A notre époque ou l’égoïsme règne en maître, le fait de partir près d’une semaine durant ses congés pour bosser au moins 12 heures par jour bénévolement et, en plus, payer son voyage, son hébergement et sa nourriture, puis revenir crevé et mettre huit jours à s’en remettre, ça interpelle, c’est sûr !
« Mais il n’y a que des vieilles bigotes qui vont à Lourdes ! Bah oui, il faut être croyant et tu passes ta journée à faire tes prières !»
Comment te dire que ce qui frappe celui qui arrive pour la première fois c’est qu’il y a des jeunes partout… A tel point qu’il faut toujours éviter les chambres d’hôtel donnant sur la rue car on risque de ne pas dormir à cause des rires et des chants ! On dit souvent en riant que c’est certainement la plus grosse agence matrimoniale du monde.
Comment te dire que je connais des hospitaliers et des pèlerins malades qui ne se disent pas catholiques, qui ne croient pas, se disent en recherche ou même sont d’une obédience différente mais qui ont le virus de Lourdes bien ancré et ont réellement besoin de cette rencontre annuelle.
Comment te dire qu’on a toujours l’impression, au retour de ce service, d’avoir reçu bien plus qu’on a donné et qu’on revient certes bien fatigué mais avec une flamme nouvelle au fond du cœur qui restera vivace toute l’année notamment dans les moments difficiles.
« Tous ces malades qui viennent pour être guéris, ils doivent être déçus en repartant ? »
Les pèlerins malades ou handicapés ne viennent pas avec la seule obsession de se jeter dans la piscine pour en ressortir guéris mais viennent surtout pour cette rencontre qui leur permet de repartir affronter les souffrances quotidiennes avec une force nouvelle. Ce sera d’ailleurs, pour nombre d’entre eux, à domicile ou en institution, la seule sortie de l’année ! La fatigue du voyage et des journées à rallonge n’altère en rien leur joie de vivre leur pèlerinage, au contraire, et les hospitaliers sont là pour palier à tous leurs besoins.
« Moi je ne pourrai pas laver des fesses en tout cas ! »
Il y a des hospitaliers ou hospitalières qui ne feront jamais de toilettes. Il y a du travail pour tout le monde et la diversité des tâches fait qu’on a besoin de tous et que chacun a sa place.
« T’as déjà vu des miracles ? »
Oui, tous les jours ! …peut-être pas spectaculaires comme dans les films mais si intenses ! Ces miracles du cœur touchent tout le monde !
En fait, Oui, il suffit de dire que Lourdes, c’est la rencontre…mais si tu veux comprendre vraiment, il n’y a pas d’autres solutions que de l’oser, cette rencontre.
Eric « Uter »
Laroque, le 19 janvier 2020